Sur les chemins - Panaméricaine

Le tiers-lieu Roma Verde,
l’oasis de Mexico City (CDMX)

Roma Verde
Roma Verde

Présentation du Huerto Roma Verde :

Roma Verde est un tiers-lieu qui se base sur la philosophie de la permaculture, en mettant le bien-être commun au centre. Cette friche de presque 1 hectare est le fruit du tremblement de terre de 1985 qui a détruit une bonne partie de la ville de Mexico et a laissé de nombreux espaces à l’abandon et encore en friche aujourd’hui. En 2012 (soit 27 ans plus tard), un collectif d’habitants s’empare du lieu et commence à le nettoyer, ce qui représente un travail considérable de « déconstruction ». S’ensuit la naissance de l’association Huerto Roma Verde qui a pour philosophie et principe fondamental la permaculture. Certains définissent cet espace comme « un véritable laboratoire bio-social d’innovation ».

Roma Verde accueil

L’entrée visiteurs est située à un carrefour en pleine ville, dans le quartier de Roma. On pourrait passer à côté sans se rendre compte qu’il existe presque 1 hectare de verdure extraordinaire juste derrière ces barrières. Heureusement, cette impressionnante tour artistique de vieux conteneurs d’eau purifiée (garrafon) est là pour vous avertir qu’il se passe quelque chose juste derrière !

Suivant ces principes de permaculture et bien-être commun, ils décident de commencer à aménager le lieu par le design d’un jardin mandala de comestibles et plantes médicinales. Cela répond à de nombreux thèmes (santé, protection de l’environnement, alimentation saine, éducation à l’environnement, reconnexion au vivant, re-création de biodiversité…) et cela semble être un point central pour l’association afin de s’ancrer dans le lieu et dans le quartier.

De ce jardin naît le projet de compost, celui du recyclage de matériaux pour construire les différents espaces et donc la création d’un point de collecte, de recyclage, de sensibilisation puis de transformation des déchets. Petit à petit les différents projets prennent forme et de plus en plus de pôles sont créés pour venir prendre part à ce tiers-lieu novateur. Un aspect emblématique de ce lieu est son ambition de ne pas utiliser les ressources de la planète dans l’idée de la préserver, ainsi que la bio-diversité et le vivant. La très grande majorité des matériaux utilisés ici sont donc naturels et à faible impact environnemental (terre et pierres sur place, ou bambou qui pousse très rapidement et filtre l’eau par exemple…), de seconde main (palettes, mobilier, vieilles taules, tanks à eau usagés, infrastructures récupérées d’événements, de friches ou de lieux à démolir…), recyclés (bouteilles en verre, taules et parois en tétrapak, tuyaux ou métaux recyclés en structures…). De ce point de recyclage naît également de l’innovation technologique à partir des déchets (upcycling). Ces objets innovants fabriqués sont utilisées sur le site ou en ville, ou par des partenaires extérieurs et vendus.

Après avoir franchi la tour de conteneurs d’eau, on découvre le géodome écologique fabriqué en bambou, en terre, en végétaux secs (paille, feuilles de palme…) et en bois. Son acoustique étant exceptionnelle, il est régulièrement loué pour des concerts ou encore des conférences et autres cérémonies…
A côté du dôme se trouve un petit mur d’escalade à but initiatique ou récréatif.

Fonctionnement du lieu Roma Verde :

Le lieu est géré par l’association Huerto Roma Verde, composée d’une vingtaine de salariés à temps partiels et de nombreux bénévoles. Le lieu est ouvert au public tous les jours de 10h à 19h avec des événements, de la fabrication, de la création, de l’entretien en permanence et une activité grand public plus forte en fin de semaine. Le week-end le lieu accueille un marché de producteurs, il y a de la restauration qui est proposée sur place ainsi que des activités et des concerts…

Roma Verde se distingue particulièrement par son histoire et son modèle de construction selon le principe de la permaculture et ses 7 pétales qui, réunis au centre de la fleur, produisent le bien-être commun.

Extrait de la page facebook du lieu, indispensable pour la communication.
  1. Organisation sociale : lieu de décision, de débat politique, économique, social et de résolution de conflits…
  2. « La Madre Tierra » (/Pachamama / Terre mère) et comment réintégrer l’humain dans son milieu socio-environnemental, la nature, les animaux, la production agricole, l’auto-alimentation, agroécologie, sols…
  3. La Santé essentielle : concentration sur le paradigme de la prévention (par rapport à la médecine chimique symptomatique), herbologie, plantes médicinales, alimentation saine, mode de vie…
  4. L’habitabilité de la planète : l’urbain, le rural, la réutilisation de matériaux, la non consommation des ressources, le recyclage… [Ici on nous (ré)apprend les 5R : 1Refuser, 2Réduire, 3Réutiliser, 4Recycler, 5Redonner à la terre (composter) ]
  5. Technique et innovations technologiques au service de la durabilité (biogaz, machines low-tech, aquaponie, applications smartphone, arrosage intelligent, système de récupération d’eau aérienne, électricité éolienne, géothermie, vélo-machines, vélo-porteurs, etc etc etc)
  6. Consolidation du tissu social et économique : monnaies locales, production et marchés locaux, troc, échanges, alternatives, transparence, petits producteurs et vendeurs, coopératives…
  7. Culture résiliente : art, sport, spectacle, création, artisanat… (résiliente dans le sens où elle s’adapte et résiste aux points précédents et aux différentes évolutions).

Quelles activités dans ce tiers-lieu végétal, bio-social et novateur ?

Voici un plan qui correspond plus ou moins à la réalité actuelle de l’espace Roma Verde (avec tout de même pas mal de changements !). On peut voir que plus d’une trentaine d’espaces différents y apparaissent. Chacun des espaces est généralement dédié à une (ou plusieurs) activité ou occupation. Ci-dessous un inventaire de ce que nous avons pu découvrir lors de notre visite guidée à Roma Verde. Certains espaces sont parfois en construction, en rénovation ou relocalisés.

Un atelier de création manuelle, ici des tours à poterie.
Le studio pour les résidences artistiques
Un espace bien-être Maya à base de plantes et de feu (Té Mascal, cérémonies, etc)
Un conservatoire de papillons (en construction, avec des plaques faites en boîtes tétrapak recyclées notamment)
Un poulailler (« Chicken Itza ») en bois recyclé.
La conception écologique des différents refuges pour animaux: chats (+ de 25 !), lapins, écureuils, colombes, canards…
Punto Rojo
Le Point Rouge est un endroit spécialisé pour les menstruations. C’est un espace hygiénique et intime pour pouvoir aisément se changer, se laver les mains. Les menstrues sont ici valorisées en engrais pour un jardin de plantes médicinales
La station de méthanisation et d’épuration fonctionne en circuit fermé sur le site : alimentée par les toilettes, elle produit du gaz pour les cuisines et rejette une eau filtrée par les plantes dans les sols.
aquaponie mobile
Conception d’un module d’hydroponie mobile

Il y a également des espaces pour accueillir des événements et du public. Un bar-restaurant était en construction quand nous avons visité le site mais cela semblait très prometteur. L’activité agricole comprend aussi une pépinière sous serre ainsi qu’une banque de graines. On trouve encore d’autres bâtiments parfois gérés de manière indépendante mais en symbiose avec la dynamique du lieu : un atelier général pour tous les besoins du site (menuiserie, métallerie, etc), un atelier de jouets géré par un artisan, un atelier de fabrication et réparations d’instruments de musique, un atelier de création d’accessoires en textiles usagés et recyclés, et aussi une belle boutique artisanale et biologique de producteurs (où nous avons trouvé des savons et thés par exemple). Voici donc un aperçu des belles initiatives que vous pouvez trouver sur le site de Roma Verde.

Modèle économique, relations humaines et insertion locale :

Nous sommes vraiment étonnés par le modèle économique de ce lieu, qui ne reçoit aucune aide publique et est en lutte permanente afin d’être reconnu officiellement car il est menacé d’être détruit (L’ISSSTE, une énorme institution médicale du travail, propriétaire du bâtiment détruit par le séisme il y a presque 40 ans, revendique le lieu depuis plusieurs années afin d’en faire…… un parking  !!!)

Néanmoins, grâce aux subventions privées, aux partenariats et aux donations, ainsi qu’aux revenus directs liés aux événements, au recyclage innovant et autres produits (plants, graines, objets, artisanat divers, produits alimentaires…), le lieu vit depuis plus de 20 ans. Environ 25 personnes sont rémunérées directement par l’association ou via leur propre activité autonome (boutique, atelier de jeux …). Il y a également de très nombreux bénévoles qui participent à des chantiers, au jardin, à des activités… ainsi que des « services civiques », c’est à dire une trentaine de jeunes du programme de réinsertion « Jeunes pour le futur », indemnisés par l’État. (On peut penser que l’État, à travers cette coopération, approuve d’une certaine manière le lieu et reconnaît le service d’insertion sociale qui y est proposé, même si cela ne change rien à la position politique officielle.)

Dans cette lutte pour conserver ce territoire, le Huerto Roma Verde est sur le chemin d’une indépendance totale face à la ville. Ils sont autonomes en eau et proches de l’autonomie en électricité voire en gaz (biogaz). Leurs déchets sont traités en interne grâce à leur propre système de biogaz et d’épuration, ainsi que par leur compost et leur point recyclage en alliance à différentes entreprises.

Cette autonomie totale n’en fait pas pour autant un lieu fermé car il est parfaitement intégré au quartier économiquement et socialement. C’est certainement l’un des acteurs majeurs en terme d’interactions sociales et économiques et ce, à différents niveaux : avec le public qui vient visiter, profiter et participer, avec les salariés ou travailleurs sur site, avec les bénévoles, avec les jeunes en réinsertion, avec les entreprises avec lesquelles Roma Verde collabore, avec les clients de la boutique ou les bénéficiaires des différents ateliers, avec les producteurs locaux qui tirent des revenus grâce à la boutique ou aux marchés organisés sur place, par la vente de fruits et légumes et des différents produits fabriqués sur place… A long terme ils se voient même comme un potentiel distributeur d’eau ou d’énergie pour le quartier. C’est aussi un espace-ressource végétal et de calme dans le quartier, même si le district de Roma n’est en général pas en manque d’espaces végétalisés, à l’image de toute la ville de Mexico.

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